Le Conseil des Ministres de l’Union Européenne réunira demain les différents Ministres de l’Environnement des Etats membres afin, notamment, d’établir la position commune de l’Europe pour Copenhague. FNE leur demande davantage d’ambition et beaucoup moins de défaitisme.
Alors que l’humeur du moment est au scepticisme, face à la réelle portée juridique de l’accord qui pourra être obtenu en décembre, l’Union Européenne doit continuer de montrer l’exemple et s’engager sur des positions fermes et cohérentes.
Des réductions fermes : objectif - 30%
Sébastien Genest, Président de France Nature Environnement : « Il faut en finir avec cette attente lancinante du couperet du 18 décembre (fin de la conférence de Copenhague) pour que chaque Etat abatte enfin ses cartes après avoir essayé de deviner au mieux le jeu des autres. L’Europe doit être cohérente avec ses déclarations et passer à un engagement d’au moins 30% de réduction pour 2020 puis 80% pour 2050 ! L’heure n’est plus à l’attentisme, mais à l’action. ».
Le Paquet Energie Climat adopté en 2008 envisage de passer de 20% à 30% en cas d’effort comparable de la communauté internationale. Or aujourd’hui l’Europe reconnaît elle-même qu’au regard des prévisions du GIEC de 2007, l’objectif de réduction des émissions de GES dans les pays industrialisés doit être compris entre 25 et 40 % d’ici 2020 par rapport à 1990. Les dernières études scientifiques tendent à démontrer que le changement climatique en cours intervient à un rythme encore plus frénétique.
Une politique cohérente : l’eau, l’air, mais aussi les sols
Pour FNE, toute politique cohérente de lutte contre le changement climatique doit être transversale et exhaustive. Les sols constituent un gigantesque réservoir naturel de carbone, estimé à hauteur de 75 milliards de tonnes rien que sous le territoire européen. Au niveau mondial, leur potentiel de séquestration naturelle supplémentaire pourrait être de l’ordre de 0,6 à 1,2 milliards de tonnes de carbone par an. Or ils sont les grands oubliés de ces négociations.
Arnaud Gossement est le porte parole de la fédération : « La directive cadre sur les sols est plus que jamais d’actualité. Pour protéger notre planète, commençons par restaurer la Terre ! Cela est scientifiquement prouvé : les interelations entre sols et climat sont complexes et étroites. Des sols dégradés participent aux émissions de GES, quand au contraire des sols restaurés participent de leur absorption. Or ils vont être de plus en plus menacés par le changement climatique, qui va accentuer certains processus d’acidification et d’érosion. ».
La directive cadre sur la protection des sols a été votée en 2007 puis enterrée grâce à l’opposition efficace d’une minorité de blocage. Elle devait constituer le socle d’une protection uniforme des sols européens, très dégradés par l’urbanisation et une agriculture intensive.
Lutter franchement contre la déforestation
D’autre part, il y a urgence à arrêter les modalités d’intégration de la forêt dans le nouveau régime de lutte contre le changement climatique, tant sur la gestion comptable de l’empreinte carbone lors de l’utilisation de forêts que sur la mise en œuvre de la protection des forêts tropicales.
L’idée de la feuille de route arrêtée à la conférence de Bali est d’utiliser les puits de carbone naturels forestiers comme outil d’atténuation, via des outils tels que le mécanisme REDD (Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation) ou LULUCF (Utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie.
Pour FNE, il faut que l’UE soit ambitieuse et envoie un signal fort à quelques semaines de Copenhague. Le succès d’un mécanisme mondial de protection des forêts passe par 3 points :
• Une position ambitieuse de réduction de la déforestation allant au-delà des -50% à horizon 2020 portée par l’UE à cette heure, en se prononçant pour un objectif de zéro déforestation brute.
• L’établissement par la convention climat actuelle d’une distinction entre forêts naturelles primaires et forêts naturelles secondaires/forêts de plantation. Pour FNE, ces dernières ne peuvent être éligibles aux financements REDD, favorisant l’« institutionnalisation » de la conversion des forêts primaires en plantations en rang d’oignon.
• Enfin, il est important que la question du financement de la « déforestation évitée » ne soit pas bâclée. Une alimentation de capitaux via le marché présenterait de nombreux problèmes que nous avons déjà énumérés. La possible inclusion de crédits forêts dans les actuels marchés internationaux du carbone est de nature à pervertir l’ambition première de l’initiative : maintenir les forêts tropicales et sauvegarder leur biodiversité et leur fonction sociale. FNE se prononce donc dans un premier temps pour la création d’un fond multilatéral alimenté par l’ensemble des pays industrialisés.
Grégory Jean est chargé de mission forêt à l’international pour FNE : « Nous regrettons que l’UE reste divisée sur les moyens de prendre en compte la forêt et ne parvienne pas à ancrer son action dans le cadre d’une vision raisonnée de la gestion forestière. Certains pays forestiers tels que l’Autriche, la Finlande ou la Suède ne considèrent le parc forestier mondial que comme un gisement de carbone, oubliant les autres fonctions de la forêt en terme de biodiversité et de droits sociaux ».
Le danger représenté par les possibilités de compensation qu’offre le système à l’heure actuelle existe aussi. Il faut éviter que ces politiques forestières globales servent d’échappatoires aux engagements des Pays industrialisés pour réduire leurs émissions nationales, en substituant leurs quotas d’émissions réelles, par des droits d’émissions issus des « puits de carbone » qui leur permettraient en pratique de continuer à émettre.
FNE rappelle que la déforestation provoque la disparition annuelle de 13 millions d’hectares et représente 20% des émissions totales de gaz à effet de serre.
FNE sera présente à Copenhague pour représenter et défendre les intérêts de ses 3 000 associations.
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