Dans son discours post Grenelle de la Mer, le Président de la République vient de renouveler le constat de la gravité de la situation et de reprendre à son compte plusieurs orientations majeures esquissées conjointement par les 5 collèges du Grenelle de la Mer.
Lucide sur le fait qu’il y a loin de la coupe aux lèvres, FNE considère que ce discours, le premier du genre à ce niveau politique, peut néanmoins constituer un véritable changement de cap dans la politique maritime française, s’il est suivi d’effets tangibles.
La réalisation d’un « Livre Bleu » et, surtout, la tenue d’un Conseil Interministériel de la Mer et du Littoral (CIMER) d’ici à décembre prochain sont des jalons de bon augure. La fédération France Nature Environnement peut se réjouir de voir repris, parmi ses très nombreuses propositions : une extension considérable des aires marines protégées ; le principe d’une exploitation des ressources sur des bases scientifiques adossé au principe de précaution ; l’inscription en conséquence du thon rouge comme espèce en danger ; le renforcement des contrôles et la création d’une fonction de « garde-côtes française » ; la lutte contre « les voyous des mers » ; ou encore la reconnaissance pour les mers de la qualité de « bien commun pour l’humanité ».
Tout en prenant acte de cette volonté affichée de valoriser et protéger la mer, mais aussi de l’exploiter largement, FNE restera très vigilante et exigeante, en particulier sur les dossiers qui n’ont pas encore vraiment trouvé de réponses, soit parce le Grenelle de la Mer est le fruit de compromis à cinq, soit parce que le Président les a passés sous silence, comme la maîtrise de la « bétonnisation du littoral » par une politique d’urbanisme digne de ce nom, le démantèlement des navires en fin de vie ou les pollutions et les déchets d’origine terrestre (estimés à 80% du problème).
FNE continuera donc à œuvrer pour que la France encadre et concrétise une pêche réellement durable fondée une approche éco-systémique du milieu et de la gestion de la ressource (des décisions nationales restent à prendre pour la réforme de la Politique communautaire).
FNE poursuivra son combat pour que cesse dès que possible l’exploitation du maërl, ce sable coquillé pouponnière de nombreuses espèces, sans attendre la fin des concessions accordées, exploitation qui induit des dégâts quasi-irréversibles.
FNE et toutes ses associations continueront de peser pour que la France protège mieux son littoral d’une artificialisation continue, malgré le bel espoir du « tiers sauvage » promis d’ici à 2030…
Dernier grand point restant « entre deux eaux » : la maîtrise des pollutions d’origine terrestre, urbaine, mais aussi très liée à des formes dépassées d’agriculture et d’élevage. En effet, en se donnant l’objectif, non contraignant, d’une réduction de 40% les apports en phosphates et nitrates d’ici à 2014 dans les zones littorales les plus exposées, le Grenelle n’apporte pas une réponse à la hauteur du problème. Cela ne permettra pas par exemple de venir à bout du déplaisant phénomène des « algues vertes » qui pèsent sur le milieu, le développement touristique, et les finances des collectivités territoriales. On peut également se questionner, en ces temps de vaches maigres, sur la pertinence du projet « Sea Orbiter » qui apparaît jusqu’ici comme hors de prix et de faible intérêt au regard d’autres investissements scientifiques et technologiques, eux, indispensables.
En définitive, on peut parler d’un réel début de prise de conscience des enjeux. Mais le chemin reste encore long avant de rendre palpable le changement de cap. Il reste à espérer que l’impulsion donnée par le Président restera pour de longs mois portée par la volonté politique, jusqu’à se mette en place concrètement, d’ici mi 2010 les programmes et mesures initiés par l’Etat.
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