Les phoques de la baie de Somme ont un rythme de vie calqué sur le mode de fonctionnement de l’estuaire : en fonction des marées.
Avec le jusant, des bancs de sable émergent dans divers endroits de la baie de Somme. Les phoques sortent de l’eau et se regroupent sur les reposoirs situés à proximité d’un chenal assez profond pour fuir en cas de danger. La colonie de phoques forme ainsi plusieurs groupes comprenant chacun un nombre d’individus variable, qu’il est alors aisé de dénombrer à la longue-vue.
Pourquoi les phoques remontent-ils sur le sable ?
pour se reposer : lorsqu’il est dans l’eau, le phoque dépense de l’énergie à la nage mais surtout à la thermorégulation ; remonter sur le sable lui permet de régénérer cette énergie
pour mettre bas et allaiter : l’été, les femelles gestantes profitent des reposoirs pour donner naissance et allaiter leur petit ; la lactation dure en moyenne 4 semaines.
pour se reproduire : en fin d’été, alors que la colonie se repose sur le sable, les mâles chassent les femelles vers l’eau pour l’accouplement puis remontent sur le sable.
pour muer : l’été, le phoque perd ses poils par lambeaux, il utilise alors l’énergie solaire pour synthétiser de la vitamine D et permettre au nouveau poil de pousser.
pour stocker de la graisse : formant une épaisse couche sous-cutanée (de 6 à 10 cm d’épaisseur), la graisse joue un rôle important dans la thermorégulation (elle présente un gradient entre la température intérieure du corps (de +36,5°C) à la température de la peau (de 1 °C supérieure à la température du milieu extérieur)) mais également dans le stockage d’énergie et la locomotion.
Combien de temps restent-ils ainsi émergés ?
En baie de Somme, la durée pendant laquelle les phoques sont émergés est variable en fonction des coefficients de marée. En moyenne, ils arrivent sur les reposoirs 3h avant marée basse et les quittent 2h30 après marée basse ; ils passent donc 5h30 consécutives sur le sable.
Avec le flot, les reposoirs sont recouverts par la mer. Dans un premier temps, les phoques prennent une position dite "en banane" : ils relèvent la tête et les nageoires postérieures. Cette position leur permet de maintenir le maximum de temps possible les zones de leur corps sur lesquelles la couche de graisse sous-cutanée est mince, voire inexistante. Cela dans le but de ne pas perdre d’énergie. Quelques minutes plus tard, la hauteur d’eau présente sur le reposoir étant devenue trop importante, les phoques partent à la nage.
La marée montante est une période utilisée par les phoques pour pêcher. Diverses études ont démontré qu’un Phoque veau-marin adulte se nourrit en moyenne de 2 kg de poissons par jour. Le phoque est un animal opportuniste qui va profiter des proies présentes dans le milieu. Une étude menée en 1994 sur les phoques de la baie de Somme a montré que la proie préférentielle était le flet.
On note cependant deux types de comportement en période de chasse :
certains phoques suivent le flot et entrent dans le fond de baie. Ils se retrouvent alors en eau trouble et sont amenés à chasser à l’aide de leurs vibrisses, organes extrêmement développés. Les proies visées seront alors principalement des poissons plats.
d’autres phoques sortent de la baie et s’aventurent dans la Manche, où ils sortent régulièrement à 60 km des côtes entre deux marées basses. Ils se trouvent alors en mer avec une visibilité bien meilleure, de l’ordre de quelques mètres. Les proies visées seront alors les poissons ronds qui se déplacent en bancs et qu’ils poursuivront en nageant au maximum à 35 km/h. La profondeur maximale de plongée enregistrée par un Phoque veau-marin est de 220 mètres (pas en Manche évidemment !)
A marée haute il n’est pas rare d’observer quelques phoques prendre une position dite "en bouteille" : ils se placent à la verticale, la tête à la surface de l’eau et hyperventilent durant quelques minutes ; puis ils chassent tout l’air présent dans les poumons, se laissent couler et se reposent ainsi "entre deux eaux". Par un phénomène de bradycardie, le phoque diminue son rythme cardiaque de 75/120 battements/minute à 6 battements/minute. Par phénomène de vasoconstriction périphérique, le phoque modifie l’irrigation sanguine pour préférer les organes vitaux (coeur, cerveau, poumons et utérus gravide). Grâce à ces deux phénomènes additionnés à sa forte concentration de myoglobine, le phoque économise l’oxygène présent dans le sang et peut ainsi pratiquer une apnée maximale de 30 minutes.
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