Rapports & publications

Implication de Picardie Nature dans le projet biodiversité en territoires de grandes cultures = quelques nouvelles des premiers suivis 2010-2011.

Publié le 30 mai 2012 par Sébastien Legris

Ce projet multipartenarial, financé par le Conseil Régional de Picardie, est coordonné depuis 2009 par l’association Agrotransfert, Ressources et Territoires. Il a pour objectif de construire une démarche globale de conseil et d’aide à la décision pour favoriser la biodiversité dans les zones de grandes cultures. Picardie Nature y participe en étudiant plusieurs groupes de faune : les Chauves-souris, les micromammifères, les oiseaux et les coccinelles. L’objectif est notamment de montrer l’intérêt des aménagements (haies, îlots buissonnants, jachères, bandes enherbées...) pour ces animaux. Les suivis se déroulent sur 3 exploitations agricoles à Marcelcave, Mesnil-Saint-Nicaise et Omiécourt. Ils consistent pour chacun des groupes étudiés à réaliser des relevés standardisés sur les divers aménagements agricoles et types de cultures, afin d’obtenir des éléments de comparaison permettant d’apprécier l’intérêt de chacun de ces milieux.

Les méthodes utilisées ont été fonction du groupe étudié :
- les chauves-souris ont été suivies durant 8 soirées de fin juin à septembre. Leur étude repose sur la détection des ultrasons qu’elles émettent lors de leur déplacement et activité de chasse. Pour cela des points d’écoute de 1h00 ont été réalisés avec un comptage du nombre de contacts et une détermination des espèces ayant généralement nécessité un enregistrement du son pour une analyse informatique ultérieure.
- les micromammifères (Campagnols, Mulots, Musaraignes) ont été étudiés en utilisant des pièges à trappe dits "INRA". ceci sur 4 périodes de l’année (février, mai, août et novembre), pour des relevés réalisés tous les matins durant 3 jours. Il s’agissait notamment d’installer des lignes de 20 pièges au niveau des différents milieux à échantillonner.
- les oiseaux nicheurs, ont été suivis en réalisant des points d’écoute de 15 minutes, lors de 2 passages, avant et après le 15 mai. Un total de 20 points d’écoute ont ainsi été conduits sur les 3 exploitations.
- les coccinelles ont été étudiées en combinant 3 méthodes, l’observation à vue, la capture au filet fauchoir et au parapluie japonais. Chaque année, 6 journées ont été consacrées à l’étude de ce groupe en juin et juillet, avec en 2011 la présence d’une stagiaire sur 3 mois.

Quelques résultats des 2 premières années de suivi 2010-2011

Pour les chauves-souris, les résultats montrent une bonne utilisation des haies et des îlots buissonnants, avec une fréquentation de ces aménagements en moyenne 5 fois plus importante que sur les cultures sans aménagements. En revanche les jachères et bandes enherbées sont peu utilisées. Ils montrent également que les aménagements éloignés de zones de chasse connues pour être attractives (Bois, bosquets, prairies, vergers...) sont nettement plus utilisés par les individus. L’étude a aussi permis d’identifier la présence d’au minimum 6 espèces : essentiellement de la Pipistrelle commune (94% des contacts), mais aussi la Pipistrelle de Nathusius, des Oreillards indéterminés, les Noctules commune et de Leisler, et le Murin de Natterer.

Pour les micromammifères, au cours des 2 ans de suivi, 163 individus ont été capturés pour 6 espèces, le Mulot Sylvestre (67% des captures), le Campagnol des champs (21%), la Musaraigne Musette (9%) , le Campagnol roussâtre (2%), les Musaraignes couronnée (1%) et pygmée (1%). Les résultats par milieux montrent une spécialisation des micromammifères selon les aménagements, en particulier les haies pour le Mulot sylvestre, les jachères et bandes enherbées pour le Campagnol des champs, et les cultures d’engrais verts (culture intermédiaire) pour la Musaraigne musette.
Aussi, un suivi de ce groupe réalisé sur Marcelcave depuis 2002 montre que les micromammifères capturés dans les cultures ne présentent aucune pullulation inquiétante. Ceci, notamment en raison du travail du sol, dont la destruction des galeries limite l’installation et la prolifération de ces animaux potentiellement nuisibles aux cultures, en particulier le Campagnol des champs.

Pour les oiseaux nicheurs, les 2 ans de suivis ont permis d’inventorier 24 espèces dans les parcelles avec aménagements, contre 6 dans celles qui en sont dépourvus, soit une richesse spécifique 4 fois plus importante. Les espèces favorisées sont essentiellement des passereaux dont certaines, de par leur régime insectivore, sont de potentiels auxiliaires des cultures, comme les Fauvettes grisette et à tête noire, l’Hypolaïs polyglotte ou encore la mésange charbonnière. Les aménagements semblent aussi très appréciés par une espèce emblématique de nos plaines, la Perdrix grise, dont les effectifs sont quasiment 3 fois plus élevés sur les parcelles avec haies.

Enfin, pour les coccinelles, un total de 3583 individus ont été déterminés pour 16 espèces, dont une très fortement dominante, la Coccinelle à 7 points (73% des captures), contrairement à d’autres beaucoup moins fréquentes comme les coccinelles à 11 points et virgules, ou encore la petite coccinelle orange. Pour ce groupe les aménagements sont particulièrement intéressants avec une richesse spécifique de 11 espèces. Les cultures, en particulier les pommes de terre, accueillent tout de même 7 espèces. Les échantillonnages par essence ont permis de montrer un intérêt des coccinelles notamment pour le Saule marsault, le Noisetier, l’Aulne ou encore l’Erable champêtre.


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