A présent chez nous après quelques mois passés dans les régions chaudes du continent africain, les hirondelles ont entamé un incessant balai aérien animant nos campagnes de leurs cris. Poussées par la saison nouvelle, leur instinct de reproduction les amènent - pour les mâles – à choisir un site pour l’installation de leur futur nid en compagnie de leur belle.
Seulement voilà : les hirondelles femelles ne se laissent pas séduire par n’importe quel individu. Comment donc font-elles leur choix entre un « bon partenaire » et un « mauvais partenaire » ? Deux éléments principaux font la différence :
o Dans un premier temps, ce sont les mâles ayant le meilleur site pour nidifier qui augmentent leurs chances d’accouplement. En effet l’heureux propriétaire est forcément celui qui a réussit à faire place nette en chassant ses concurrents potentiels. De fait, c’est lui le plus fort et c’est donc lui qui, aux yeux de la femelle, a le plus de chance de survenir aux besoins de la future petite famille.
o Dans un deuxième temps, il semblerait également que la longueur des filets chez les mâles soit un caractère sexuel sélectionné par les femelles. En 1988, Anders Moller a modifié artificiellement la longueur de ce filet (ce que nous appelons couramment « queue » est en réalité un allongement des rectrices, plumes externes de cette « queue ») chez les hirondelles rustiques mâles. Il a observé que les mâles dont le filet était le plus long étaient ceux dont la période d’appariement avec les femelles était la plus courte, c’est-à-dire qui avaient le meilleur succès en termes d’attraction envers les celles-ci.
Dans ce cas, pourquoi les filets des mâles ne sont pas plus longs encore ? Pourquoi ceux ci n’évoluent ils pas davantage ?
En 2001 des chercheurs ont démontré dans un labyrinthe la facilité de vol des hirondelles entre les obstacles, d’ailleurs il n’y a qu’a les voir évoluer dans nos campagnes pour ce rendre compte à quel point ces oiseaux sont véloces. Les hirondelles virevoltent en effet avec vitesse et agilité entre les obstacles naturels de nos jardins ! Cette même équipe a également démontré que les hirondelles sont handicapées par des filets trop longs ou trop courts. La nature a ainsi du faire un choix entre la pression de sélection sexuelle qui tend vers un allongement des filets et la perte de manœuvrabilité qui pousse vers sa réduction. C’est cette double contrainte qui coduit ce caractère à évoluer vers une taille moyenne.
Ce caractère « longueur des filets » est la représentation concrète de ce qui a été appelé « la théorie du handicap ». Ainsi les individus dont les filets sont les plus longs sont aussi ceux qui sont les plus handicapés puisque la manœuvrabilité en vol est atténuée… Au regard des femelles, ce serait une sorte de message que l’on pourrait traduire comme : « Vois tu, malgré ce handicap, je suis capable de survivre, je suis donc le plus fort et le plus apte à assurer une descendance viable ! »
Ainsi, les hirondelles nous inspirent beauté, grâce, sociabilité et bonheur ; ce ne sont pourtant pas moins des oiseaux sauvages où encore une fois, la loi du plus fort reste de mise.
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